Suite du feuilleton « moteur »
Mon choix se limitait à trois marques : Myanmar, Volvo, Nanni
La proposition du concessionnaire local Yanmar m’a fait penser que le moteur devait être plaqué or; afin de pouvoir réduire le prix de 17 % il m’a été suggéré de descendre, à la voile, à Langkawi en Malaisie (zone sans taxe) où il pouvait me faire délivrer le bébé dans les 3 semaines !!!
Lui, en tant qu’entreprise prétendait ne pas pouvoir récupérer les taxes (ou plus exactement ne voulant pas s’emmer …) or, après renseignements, il s’avérait qu’il était plus prudent d’installer le moteur à Phuket où sont les compétences et non à Langkawi. Je m’imaginais donc, naviguant à la voile avec un moteur attaché sur le pont et croissant les doigts qu’il n’y ai que du beau temps, pas trop de gite etc. etc. : pas raisonnable du tout cela donc, non, il faut trouver une autre solution. C’est à ce moment où ce fameux concessionnaire m’a dit qu’il pouvait me donner le nom d’un transitaire, que cela demanderai de la patience pour récupérer les taxes mais que …..Pourquoi pas …. !
Pendant ce temps
j’avais interrogé la maison Nanni, en France, directement car c’était ma préférence mais j’avais occulté certaines notions fondamentales : Nanni est un société qui, parait-il, fabrique et vend des moteurs marins, or c’est une société française, ils n’ont absolument pas besoin de vendre et de gagner de l’argent, ils veulent contribuer au déficit de la balance commerciale car une exportation d’un moteur de plus de 10000 euros serait sans doute trop vulgaire pour eux. Et malgré mon insistance (3 semaines d’attente, de relances,) je n’ai jamais pu obtenir une offre de prix et de délai de livraison. Pour être vraiment juste, Monsieur Gregorio Passani, après un mois, m’a écrit « Je suis désolé du service que vous n'avez pas reçu de notre part. Je m'occupe directement de vous et je vous envoie une offre, la meilleure, de suite » J’attends toujours….. , par contre ce Messieurs de la direction, Mark Deckers ne devait vraiment pas se sentir concerné, alors que monsieur Bruno Peyrac, lui avait fort bien fait son travail de technicien ingénieur et avait même relancé sa direction……Enfin maintenant ils savent que j’ai acheté un moteur Volvo qui fut livré en 15 jours :
Le 15 février, un mois plus tard Ici, à Phuket, le moteur était commandé et devait mettre un mois pour arriver d’Europe. C’est 15 jours plus tard qu’il arrivera ici.
Le représentant Volvo ici est remarquable, compétent, efficace, il se nomme « Léon », il a su, lui, s’occuper du dédouanement et récupération des taxes et surtout à fait un travail d’installation en 15 jours extrêmement consciencieux. Cela fait du bien de pouvoir dire tant de bien d’un vrai professionnel, concerné par son travail. En conclusion, encore un grand bravo à la dynamique lamentable et non commerciale de Nanni. Heureusement, mon choix s’est oriente différemment car j’imagine assez mal aussi leur service « après non vente » ….
Voili voila c’est dit, mais à ce rythme il va être dur D’ACHETER Français. Certain ENTREPRENEURS LASSIFS arrivent même à faire honte ! : aller, gardons l’espoir quand même malgré nos prétentions, nos suffisances nationales ET NOS INCOHERENCES NATIONALES !
Pendant l’installation une petite balade dans le nord de la Thaïlande s’imposait: rien de plus facile que de louer une auto et sillonner les très bonnes routes aux milieux des montagnes hélas enfumées par les brulis .Vous remonterez de Chiang Mai à Chiang Rai, vous profiterez des marchés nocturnes, visiterez plein de temples, naviguerez sur le Mékong entre Laos et Birmanie (ou Nyanmar)…, admirerez les sublimes plantations de thé en espalier aux abords des rizières et puis vous rencontrerez les villages ethniques qui gardent leur charme et permettent aussi de belles rencontres même si parfois ils perdent un peu de naturel en attendant le touriste. Il y a là de magnifiques treks à faire en montagne et avoir des rencontres sincères.
Avril : Sea Lance rode sa nouvelle « brise Volvo » dans les eaux thaïlandaises direction les traditionnelles îles de la Baie de Phang Nga aux formations karstiques dressées comme des champignons au milieu de la mer, les grottes, cavernes et criques ou le mieux est le kayak pour les découvrir, puis les Similanes et Surines: là de belle plongée surtout une eau d’une formidable limpidité digne des Tuamotu (sans le beau corail, sans les requins sans les langoustes…mais avec une faune riche en reptile (gros gros lézards, serpents ),écureuils, rapaces …et surtout énormes blocs de granit arrondis semblants tous en équilibre précaire .
C’est en fin de journée du 11 avril, paisiblement au mouillage dans ces îles que la vedette des Coast guards me donnent expressément l’ordre de m’éloigner des cotes : alerte Tsunami suite à tremblement de terre à Sumatra ….nous partons au large et en profitons pour une navigation de nuit avec un bonne brise portante, pour une fois ….et pas l’ombre d’une vague ….plus de peur que de mal. Cela fait déjà quatre fois que nous avons eu de telles alertes et heureusement soit nous étions au large soit rien ne s’est passé !
Fin Avril : il faut aller sur Krabi ‘à 30 nautiques de Phuket pour mettre au sec Sea Lance avant le retour en France. Krabi a une marina (Boat lagoon Krabi) toute neuve, très propre et très bien protégée, un peu loin de tout sauf de l’aéroport.
La préparation du bateau qui va rester seul 5 mois (une première depuis 7 ans …….sniff sniff) demande, comme tous navigateur le sait, pas mal d’énergie et de temps: retirer tout sur le pont, rincer et plier les voiles, isoler tous les vêtement dans des housses en plastique, surtout bien envelopper avec grand soin le piano et le saxophone … hiverner les moteurs, protéger les drisses et autres bouts faute de quoi avec les pluies abondantes de la mauvaise saison vous retrouvez tout vert de moisissure !! Bon j’arrête là vous allez être épuisés vous-même……
Vous avez compris qu’il n’y aura pas de news avant octobre date de retour sur le bateau qui va avoir un vrai lifting, une grande beauté : peinture, pont, révision gréement, idem pour les safrans et les voiles, tout cela avant de repartir ENFIN naviguer. C’est étonnant comme le fait de revenir pendant une période aussi longue à terre peut troubler et l’envie de large va vraiment vite tarauder…
Comme l’écrit fort bien Pierre Mathiote dans son livre « lettres à un jeune navigateur » : quel rôle joue la navigation ..Sur le comportement du navigateur revenu sur terre, existe-t-il un lien causal inconscient entre la vie « merrestre» et la vie terrestre ?? Si l’on vit pleinement la vie en mer, on vit aussi pleinement quelque part sa solitude et on s’en ressent libérée, seul reste le mot sans le poids. A force de regarder les mêmes vagues, le même horizon et les mêmes étoiles, (je vous rassure ils ne sont jamais pareils), au fil des milles et grâce à l’abandon d’un emploi du temps se créé une absence de dualité entre le monde et vous sans vous en rendre compte. Votre conscience, libérée de moultes informations en parties conflictuelles, semble mener une vie parallèle sans vous en avertir. Le système nerveux, effectivement, accomplit quantité de taches à notre insu. Excitable, le neurone reçoit des informations, transforme une simulation mécanique, chimique en un flux nerveux. De même chaque jour l’homme capte, transforme et émet des informations (ou des déformations ….voir les médias de nos jours). Or, en navigation de plusieurs semaines, celles-ci sont réduites à leur plus simple expression (même vagues, même horizon …) Ainsi le cerveau a subit un véritable lavage et vidé, le cerveau peut se remplir sans à priori des nouveaux us et coutumes .Tout ceci n’est bien sûr qu’une intuition ……
Bref il va falloir durant plusieurs mois « interrompre » le voyage dans sa tête pour réintégrer les mensonges sociétaux…oh lala le « mec tu dis… vague… » complet …….
Alors PASSEZ UN BON ET BEL ETE et retrouvons nous en octobre.
Didier.