INDONESIE
Les points GPS de nos mouillages
L’Indonésie c’est l’arrivée en Asie et toutes les images et saveurs que nous y associons, c’est aussi 17000 îles à visiter et donc l’impossibilité de tout vivre. Les routes sont des choix et nous allons remonter vers Les Mollusques, (Saumlaki et les Banda), les Célèbes (Wakatobi) avant de descendre sur Flores pour rejoindre Komodo, Bali et Bornéo. OUAHOOOUUU !
26/07/2011 TRAVERSEE AGITEE et rapide DE DARWIN A SUMLAKI (sur l île de Taninbar) (7°58'359 S/131°17'359 E) : Les 310 Nm seront couverts en 22 heures avec une bonne mer courte et de travers, ce n’est pas ce que l’on appelle le grand confort ! Avec quelques mots de vocabulaire et les phrases toutes faites pour se faire comprendre, la communication est un peu à sens unique; heureusement que nos mains, nos mimiques, pleins de rires et le peu d’anglais qu’ils connaissent nous permettrons de comprendre au moins l’essentiel. Il faut savoir que l’Indonésie c’est pour les navigateurs le pays des paperasses, du temps qui n’a aucune importance, des tampons et des bureaux désuets incluant quelques .. "back chiche", des autorisations à n’en plus finir, des papiers à envoyer à Jakarta et de les attendre … des cartographies bien peu précises dans certains coins ou même inconnues…alors pour « simplifier » les formalités SEA LANCE est inscrit au rallye « Sail Indonesia » (même si ce genre d’organisation n’est pas ma tasse de thé....)
Apres une arrivée à 10 heure du matin, (j’écris ces lignes 24 heures plus tard et nous sommes toujours dans l’attente des douanes): on m’avait prévenu qu'ici c'était à peu prêt n’importe quoi mais je n’imaginais pas à ce point. Et même si nous avons tout notre temps, ma première impression est une envie terrible de me tirer d’ici!!! Excédé le Didier, mais bon, gardons notre sang froid dans la mesure de mes capacités qui deviennent je l’avoue limitées …. Heureusement j’ai très vite révisé mon jugement! Enfin ,avec de la patience et fort de constater que ce n’est pas de la mauvaise volonté de la part des douaniers, simplement leur « inorganisation coutumière » effectivement grâce à l’inscription de Sail Indonésie les formalités furent exécutées dans une réelle vrai convivialité et beaucoup de gentillesse.
Le lendemain fut un grand plaisir de vie, entourés de sourires, de joie et d’accueil permanent simple et non calculés, c’est dans un « bémo » (petite camionnette locale) que nous avons découvert le village de Arui , aux rues bien ratissées, bordées de jardinets clôturés de bambou.. Un four traditionnel (dans le sol) était organisé pour satisfaire nos estomacs, nos yeux, nos papilles, le tout accompagne de danses, des sourires de tout le village. C’est dans ces villages qu’ils construisent « un bateau en pierre » volcanique, symbolisant l’esprit du village où chaque famille y a un rôle, une place et une âme.
BANDA (4°31'974 S/129°53'734) dans le très bon mouillage de Bandaneira:
Nous y apprendrons juste une heure après avoir posé l’ancre la naissance de notre quatrième petite fille « Colette »; l'ancrage ne pouvait donc n’être que joyeux, fêté, arrosé et beau!
L'ile fut le lieu d’un très regrettable épisode de la colonisation hollandaise en 1620 ou le brutal gouverneur réussit à réduire la population de 15000 à 1000 habitants!!! Mais c’est aussi et surtout le lieu tant convoité à l époque de la course aux épices. Souvenez vous de vos livres d’histoire ...oui c’est bien là ou les arabes de Muscat venaient chercher la fameuse noix « muscade » car ce fut le premier producteur de cette noix tant recherchée et cela continue encore. Récolté ici et séché elle est revendue surtout à Jakarta puis exporté. Vous pouvez aussi faire l’ascension du volcan Gunug Api (3 heures de marche avec un bon dénivelé), qui a prouvé son activité encore en 1985 ..Mais ceci n’a rien d’original, l’Indonésie étant entourée de volcans encore actifs!
Départ vers les Wakatobi 400 Nm plus loin. (5°19'738 S/123°32'062 E)
Notre intention était de faire un stop sur une petite ile intermédiaire, hélas impossible de trouver un mouillage, les fond remontants sur quelques mètres seulement de 250 à 2 mètres : impressionnant et inabordable donc! Nous ne nous y arrêtons pas.
Les WAKATOBI, situés dans les archipels des Sulawesie ont la « réputation » (oui je répète « la réputation ») d’être le plus beau spot de plongée du monde avec le plus grand nombre de Coraux, et de biodiversité (il faut bien attirer le touriste !). En plus, vous n’allez pas le croire, le gouvernement offre au voiliers qui viennent jusque là (toujours dans le cadre de « SAILINDONESIA » 100 (oui cent) litre de gasoil!!!! et ce n’était pas une blague (ce que j’ai cru quand même)!
L’accueil toujours aussi souriant de la population y est vraiment délicieux .Toute la journée sera bruyante, marché, mobylettes, rires d enfants, fanfares et Muezzin. Mais quel accueil encore. Ricardo (prof d’anglais) et ses élèves nous accompagnent partout et petit détail pour ceux qui aurait le sommeil léger: le Muslim appelle à la prière et chante des heures puis recommence (avec des hauts parleurs svp) à 4 heure du matin : tu parles d’un réveil au chant du coq!!! Donc pas lieu de s éterniser au chant du Muslim dans cette charmante bourgade le temps de quelques plongées, d’une ballade en moto autour de l’île, et de musarder dans le village « Bajo »
Dans les Wakatobi il y a plusieurs îles dont Hoga : le mouillage est somptueux, la plongée remarquable, le restau sur la plage ...huummm et le village Bajo inoubliable (j’y ferais le troc d’une pagaie local et de lunettes de plongée en bois …contre un bon masque de plongé en plastique jaune !)
A propos des villages Bajo : cité lacustre, où la population vit dans des huttes sur pilotis entourées d’eau. C’est une minorité qu’on appelé aussi les marins nomades Bajo ou encore « gitans de la mer ». Ils vivent en autarcie de pêche essentiellement. C’est un régal de simplicité. Ecoles, Mosquées, très petites échoppes mais cette population ne se mélange pas aux autres. ! Ils sont en fait méprisés par les terriens. Ici, les femmes mettent des poudres orangées ou blanches pour se protéger du soleil. On va s’y régaler de varos, de crabes et d’oursins. Lorsqu’un enfant naît le père l’immerge dès trois jours pour l’initier à la vie sur la mer, il est vrai qu’à deux ans ils savent manier la pagaie et donner une direction à leurs pirogues, les mères les laissent des heures afin qu’ils comprennent l’équilibre de ces petites pirogues à balancier. Les jeunes mariés sont installés sur un radeau ou poussés dans un canoë pour trouver leur place dans le monde de la mer. Nous y retrouvons des amis canadiens avec qui j’irais plonger la nuit… à la recherche de langoustes!
En descendant sur Hoga nous nous arrêtons à Tomia et dans l’atoll de Kedupa. Pas de cartographie, des points GPS donnés par des amis d’amis. Le soleil dans le dos mais nous y allons tout de même et là c’est comme si nous étions mouillés en pleine mer, même le platier ne se découvre pas, ce sont les couleurs qui changent. Quelques petites huttes sur pilotis accueillent les pêcheurs qui viennent y passer quelques jours. Nous essayons d’aller sur le tombant mais les courants sont forts, la pêche est bien mauvaise mais nous y ferons une mémorable soupe de poissons (attrapés à la ligne). (Si vous avez envie d’y aller n’hésitez pas à me demander les way points, les cartes sont vraiment très très imprécises)...
En arrivant sur Flores c’est à Ngala que nous allons nous reposer après un peu de tension et de pression sur l’observation des fonds coralliens et de nos positions GPS décalées d’1/2 mile.. ce qui pourrait nous mettre sur les cailloux. Le lundi matin au fond de la baie un microbe village de pêcheur avec une école sur la plage : c’est marché ce matin et c’est un grand moment. Tout est à l’échelle, un étal avec 5 œufs, quelques bananes, des oignons gros comme des prunes, des citrons comme des billes, du riz, du tabac par petits paquets, des aubergines comme des cornichons, des poissons séchés taille sardine, accessoires de cuisine en plastique, quelques tongues et un très beau poulpe que nous rapporterons. Mais nous y avons trouvé notre bonheur et nos petits vendeurs heureux. Repartant à marée basse c’est dans la boue que nous avons tirés l’annexe dans la vase gluante, puis pagayé tout le fond de la baie pour pouvoir rejoindre le bateau. Endroit sauvages, dégustation d’oursins (ou ventrée) succulents pêchés sur le platier.
RIUNG: Cette petite ville très étendue, nous réservera un accueil exceptionnel, toute la population toujours si joyeuse, chaleureuse, se mobilise pour vous: dans les îles autour vous pourrez y admirer le vol des milliers de chauves souris « renards » mais aussi y voir vos premiers varans (certes plus petits qu’à Komodo seulement 1,5 à 2 mètres mais impressionnants!
Linggeh bay,l’entrée est bien délicate, entourée de corail, nous arrivons à nous mettre entre quelques bateaux de pêcheurs; ces praos constitué d’une pirogue à 2 balanciers, ils entourent le bateau de leurs filets tendus pas des pierres en guise de poids et allument les lamparos, ils remontent les filets 3 fois par nuit chargés de petite friture qu’ils feront sécher au sel et soleil pour agrémenter leurs nazi goreng (plat de riz). Ce village est bien pauvre, les enfants sur les pirogues entourent le bateau et ce qu’ils attendent n’est qu’un échange, ils nous regardent vivre pendant des heures sans se lasser et si l’on prend le temps de leurs parler ils ne décollent plus. On peut trouver cela envahissant et en même temps toutes les relations de ces rencontres sont toujours des questions de : que doit on donner, comment les faire rêver et surtout ne pas polluer leur vie simple et authentique Il n’est pas possible de prendre tous les malheurs du monde et il y a des population dans le monde tellement plus malheureuses, où l’eau manque pour survivre, où les maladies les atteignent et où la malnutrition les fait mourir. Ici ils n’ont tout simplement pas grand chose mais un toit de palmes et de quoi boire et manger. Il y a des échanges d’aide, une petite pirogue avec quatre enfants de 2 à 7 ans (qui sait nager ?) dont le balancier se détache, il est évident que nous la réparons avec des bouts. En arrivant dans le village on nous propose un œuf ou une mangue et la famille des enfants nous invitent chez eux pour nous remercier. Bien entendu nous laissons casquettes, tee shirt, habits d’enfants, cahiers, crayons, gâteaux ou accessoires de cuisine et c’est la fête.
Il était quand même temps d aller dans une ville un peu plus conséquente afin de refaire un peu de réserves pour le bateau :
Lubahunbajo. On pourrait croire d’après nos lectures que ce grand village serait devenu un paradis.. Eh bien c’est un immondice et l’on retrouve le problème des déchets et leurs traitements, car ici on essaie de brûler sur le bord des routes, d’enfouir quelques bennes d’ordures mais une grande partie repart à la mer avec la marrée descendante qui transporte avec elle tous ces emballages plastique de nos sociétés de consommation et des problèmes de grandes villes (ou villages). Bref nous y trouvons de quoi faire un peu d’approvisionnement car les réserves diminuent et la mer ne nous donne pas satisfaction en matière de pêche.
C’est de là que nous repartons vers Rinca et Komodo…. Enfin affronter ce varan carnivore ou ce gros lézard que l’on nomme « dragon de Komodo ». Les rumeurs sur cette créature monstrueuse circulait avant que l’on en parle en Occident (au début du XXème siècle). Ils vivent aujourd’hui dans des réserves sur l île de Rinca et de Komodo essentiellement en liberté totale et se nourrissent de chèvres, cerfs, sangliers et même buffles, c’est la raison pour laquelle il faut être bien vigilent sur ces îles et s’armer d’un piquet mais surtout ne pas s’en approcher ni les coincer sans issues de sortie. Malgré leur accoutrement ce ne sont pas des rescapés de l’ère des dinosaures mais un reptile extrêmement évolué. Dans un site volcaniq ue et complètement sauvage… Des eaux claires et turquoise et le grand calme… même si nous trouvons ici des courants entre les îles et des passages de vent. Pas de village en vue; on se demande d'où viennent les quelques pirogues qui passent par là, pour pêcher ou plus souvent pour aller remplir quelques bidons d'eau à une source de l'intérieur. Il n'est même pas évident que cette eau soit potable… L'approvisionnement en eau est souvent un problème le long de ces côtes volcaniques et les efforts que doivent fournir les habitants pour avoir de quoi boire nous paraît impressionnants, à nous qui ont essentiellement vécu à l'ombre de châteaux d'eau…et qui sur nos bateaux faisons tourner le déssalinisateur !! Nous re cevons instantanément la visite habituelle de pirogues. Ils restent là une bonne heure, à nous contempler, agrippés au plat bord du bateau ou à sa jupe. On est leur attraction gratuite… Quoique ça se termine toujours par bonbons, cigarettes, casquettes, cahiers et stylos. Ils adorent exercer leurs notions d'anglais et ils sont vraiment mignons : pas d’agressivité, que de l’échange et de la gentillesse.
SABABI, un autre mouillage est le plus beau jusqu'à maintenant : une eau translucide bleu turquoise, un corail à proximité du bateau y abritant quelques langoustes (chuuuut) de beaux poissons à chasser pour votre diner ….une plage de sable blanc pour griller la pêche...tout ce que la carte postale peut imaginer. C’est à Sebayor kecil et à Gili Lawa que je ferai les plus belles plongées, et peut être aussi ici que j’ai vu les plus beaux coraux, les plus grosses raies mantas, mais il faut être très prudent car il y a de très forts courants (descendants violemment...), des différences thermiques de la mer allant de 29 à 20 ° en quelques mètres!!!! .
L’île de Sumbawa. Aride, volcanique, peu peuplée, de confession exclusivement musulmane, cette île parait un peu austère, nous n’y ferons que des mouillages de nuit et puis c’est mouiller devant Gili Air à Lombok, nous profiterons pendant deux jours d'un mouillage de lagon, des petites carrioles tirées par des chevaux comme unique moyen de transport, pas un engin à moteur. Trois îles paradisiaques, d’eaux turquoises, de belles plongées, de restaurant superbes, de massages et de petits moments de la vie quotidienne de charme. Les bateaux locaux arrivent le matin chargés de victuailles dans de grands paniers en osier, le ballet des touristes et des plongeurs embarquant et débarquant, les ruelles en sable et toujours des rencontres aussi gentilles. Cet endroit restera marqué dans nos têtes comme exceptionnel.
Ca y est, nous sommes arrivés à Bali… c'est clair, il vaut mieux rester aux Gili Island. Petite traversée de nuit ; à l’approche de Bali les cargos sont dans tous les sens allant et venant de Bali, l’AIS est aux aguets, les routes de collisions fréquentes et nous appelons les capitaines afin de se faire repérer par eux avant que nos routes ne se croisent réellement. Descendant vers Lovina ce sont les pêcheurs au petit matin, à 3 miles de la côte, bien entendu, pas éclairés, qui nous surprennent mais surtout ces sortes de radeaux en bambous, dérivant partout au large et risquant de s’encastrer sous le bateau. En effet, ce radeau (sorte de grand plateau flottant) sert de repère à tout un écosystème où les algues, coquillages et poissons de la chaine alimentaire s’y retrouve, et où le pêcheur n’a plus qu’à revenir dans les parages et se servir…….. C’est mieux que la pêche à la dynamique des années 70 ou 80 qui a dépoissonné ces mers indonésiennes (ce n’est pas certain qu’elle soit totalement terminées!!!!). Hum ! à ce sujet, voilà 2 mois que nous trainons dans la mer de Banda, la mer de Java, de Bali… et que nous n’avons eu aucune prise, même pas un mauvais barracuda pour appâter nos nasses! Depuis le départ de France nous avons toujours pu profiter des mers poissonneuses, nous nous sommes fait plaisir à pêcher et à préparer le poisson à toutes les sauces : séché, en sashimi, en sushi, cru et cuit, à en distribuer dans nos rencontres ; à chaque fois nous faisons des heureux car très souvent il s’agit de « gros » et les filets que nous distribuons font vivre des familles plusieurs jours mais ici RIEN!!
Bref nous voici à Bali, j’ai peur de trouver un léger changement depuis la dernière fois (il y a 40 ans!!)